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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Le retournement républicain

Publié le 13 Avril 2016 par Canaille Lerouge in politique, alternative, République, socialisme

Sisyphe campe-t-il place de la République ?

Le retournement républicain

"La nuit est un grand espace cubique.
Résistant.
Extrêmement résistant.
Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter.
Ce qu'il ne faut pas accepter."

H Michaux

 

Tandis que Fillon propose de les tien-an-meniser, que Cazeneuve chaque matin s'y emploi substituant aux chars les engins de déblaiement,  chaque soir ils reviennent et se posent à nouveau pour penser le neuf. S'inventent des règles d'écoute et de parole, mutualisent savoirs, espoirs, et recherches d'issues.

Non pas condamnés des dieux mais victimes de la sociétés des hommes, ils cherchent.

Qu'elles et ils soient hors du cadre représentatif normé, délégataire, à voir ce monde qui vient s'y ancrer et, les deux pieds sur terre, cherche à s'élever, donne de l'éxéma à la confrerie des hors-sols.

"Pensent-ils bien ?" clâment depuis leur perron les concierges de l'idéologie dominante.

"De quelle pensée ont-il besoins" claironnent les nantis qui se calfeutrent dans les étages. 

"Il faut les EN-CA-DRER" pérore Cambadélis, borner le chantier et le confiner dans le temps au nom de la liberté des cloisonnés du portefeuille de censurer les décloisonneurs de la vie.  "Encadrer" ;quel magnifique raccourcis montrant en un mot toute l'histoire du PS ! Au point que le peuple, lui, ne peut plus les encadrer.

Ces noctambules subversifs donnent des suées au accrocs au CAC à rentes et à ceux qui ont mandat d'organiser le confort boursier. Voila pourquoi la vindicte bourgeoise stigmatise ceux qui se cherchent en commun des talents de constructeurs.

D'aucuns, plus branchés côtés "primaires", ce "question pour un champion" de la politique-spectacle, fait pour éliminer et choisir le challenger où le producteur du spectacle garde tout le temps la main,  se gaussent des naîvetés, des faiblesses de réflexion qui certes existent .

Mais que ne se posent-ils pas la question : de quel baggage sont démunis ceux qui ont été abandonnés par la lacheté idéologique de la génération de ceux qui ont déserté le combat de fond contre le capital ?

La crise ? Belle excuse qui révèle le niveau de capitulation. Quand la crise devient l'état permanent, ele n'est plus crise mais norme.

La norme de la société contemporaine, le mode de reproduction de ses formes est la négations de la place de ceux qui en sont le moteur productif.

Ne considérer la ruine actuelle que comme un moment ou la conséquence de faux pas rectifiables au prix de sacrifices imposés aux victimes est lui faire le cadeau d'une excuse. La parole réformiste pas circonscrite au PS, la crise qui ne serait pas liée à la nature du système mais à un dysfonctionement.

C'est la conscience grandissante de la nature du syystème qui ne survit que dans une permanence de violence et de précarité, de la place de l'Etat et ses institutions pour l'y aider qui fabrique de la convergence entre les plus conscient de ceux qui de l'intérieur veulent en sortir -dans le monde du travail - et de ceux qui devant ce spectacle dont ils subissent déjà les affres refusent d'y entrer - la jeunesse.

Le fonctionement du capitalisme organisant le minage des fondations sociales produit de l'effondrement pour préserver, même ruiné, l'espace de domination dont il a besoin pour faire rebondir sa fortune, ferme l'horizon et installe un plafond de fer que ceux qui convergent vers l'espace républicain cherchent à subvertir.

"Les voûtes dures qui se forment au-dessus de moi, car il s'en présente, je les martèle, je les pilonne, je les fais sauter, éclater, crever, il s'en trouve toujours d'autres par-derrière".

H Michaux 

La Maire de Paris et ceux des 3e,10e,11e révèle la grande peur des tenants du système. Ils viennent dans un communiqué de vendre la mêche : 

"s'il est légitime de rêver d'un autre monde, il ne l'est pas de dégrader celui-ci. » 

C'est une singulière mais cohérente réécriture du refrain d'une Internationale dont ils ont oublié le sens :

"le monde veut changer de base , vous être rien, restez-y".

Le parti socialiste parisien a la Fronde très limité : le monde où vous galérez n'est pas à dégrader. Sous entendu l'ordre bourgeois ne peut se satisfaire de vous voir le jour, nous vous parquons et encadrons la nuit et sous conditions.

Cela au nom du respect de l'espace public venant de ceux qui livrent aux marchands du temple l'espace parisien, le privatise, place de la République ou de l'Hotel de Ville comprises, ceux qui continuent cet héritage de la chiraquie en abandonnant hopitaux, gares, centraux téléphonique, postes et autres espaces de service publiques aux promoteurs.

Que la place de la République fasse une barricade d'idées montre le côté où se situent les édiles signataires.

Cela étant dit, défendre les acteurs de la Nuit Debout n'interdit pas de donner un point de vue qui ne sera pas une critique mais une contribution au débat et même au contraire y conduit.

Le rejet de ce qui rend révulsif l'image politicienne, cette trahison des clercs et leur vassalisation publique au dieu fric, la fédération de leurs énergies pour le servir et ne plus le contester doit-il conduire à faire table rase de la politique ?

Non et d'ailleurs le niveau d'interpelation des vrais Républicains, ceux de la place de la République, leurs recherches d'issues répondant à leurs attentes individuelles et collectives en témoigne.

Mais curieusement alors que la discussion sur les moyens et formes de représentation traverse les débats, pas ou très peu de question sur la cause fondementale de la crise du politique : cette délégation de pouvoir, rempart des nantis face à l'exigence démocratique  qui fait au nom de la liberté de l'élu que le mandat donné par l'électeur, pivot de la démocratie ne soit ni impératif ni révocable.

C'est ce vide savament entretenu qui permet de ne pas respecter le résultat du référendum de 2005.

C'est lui qui permet que les paroles du Bourget pour Bobigny, par la transmutation des promesses en reniements, deviennent les confiseries de Jouy en Josas pour Neuilly.

C'est ce qui permet par les mêmes pratiques de muter les rêves des Esmeralda  voulant vivre au grand jour en coercitions pour assurer la rente de QuasiMedef et ses quarante valeurs.

Tous se proclament Mandrin dans la campagne et dès élus, s'habillent en Guizot. "Enrichissons-nous"

Autre lecture de l'internationale, ces ministres socialistes imposés sur la grande fortune.

Ces ministres d'un pouvoir se parfumant de socialisme recrutés parmi les absolveurs des paradis fiscaux.

Ces défenseurs internationnaux des droits de l'homme à Cuba, mais dont les prtaiques de leurs spadassins voltigeurs font la une de la presse mondiale et les réseaux sociaux.

"nous sommes tout, restons tout" et déblayons chaque matin la place de la République pour que ceux qui ne sont rien ne parviennent à se rassembler pour construire leur "tout".

Pour ne plus être tel Sisyphe condamné à chaque jour recommencer, il faut garantir le non retour des faillis. Le système représentatif sacralisé lui donne les outils pour ce retour.

Ne serait-il pas judicieux de mettre en débat et construire la rupture avec cette délégation de pouvoir qui plus que le montant des indemnités des élus pose problème. Inscrire dans la constitution à venir la nature impérative du mandat conduisant à la révocabilité de son non respect.

Les réactions à cette proposition aura pour première vertu d'indiquer où se trouvent ceux qui veulent vraiment changer et permettra de cantonner dans leur coin la confrérie des hors-sols.

A charge au mouvement populaire de se prémunir devant leur volonté de retour.

Faire que la punition des dieux se déchire et montre qui, idéologiquement, entretient le mythe. Pour ne pas être condamné à sans cesse recommencer, se débarraser de ce qui permet le maintient de l'aliénation politique, sociale culturelle, la délégation de pouvoir est un de ces ferments.

Pour cela opérer ce retournement républicain qui dans la tradition et la langue française se nomme Révolution.

 

Canaille le Rouge dédie ce poème d'Henri Michaux d'où sont tirés les vers qui ouvrent cette p@ge à ses camarades retourneurs de République :

 

La nuit est un grand espace cubique.
Résistant.
Extrêmement résistant.
Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter.
Ce qu'il ne faut pas accepter.

Moi, je n'en sors pas.
Que d'obstacles pourtant j'ai déjà renversés.

Que de murs bousculés.
Mais il en reste.
Oh! pour ça, il en reste.
En ce moment je fais surtout la guerre des plafonds.

Les voûtes dures qui se forment au-dessus de moi, car il s'en présente, je les martèle, je les pilonne, je les fais sauter, éclater, crever, il s'en trouve toujours d'autres par-derrière.
De mon énorme marteau jamais fatigué, je leur assène des coups à assommer un mammouth s'il s'en trouvait encore un... et là.
Mais il ne s'y rencontre que voûtes, voûtes têtues, cependant qu'il faut qu'elles se brisent et s'abattent.
Il s'agit ensuite de désencombrer ce lieu conquis des débris qui masquent ce qui vient au-delà, que je ne devine d'ailleurs que trop, car il m'est évident qu'il y a encore une voûte plus loin, plus haut, qu'il faudra abattre aussi.



Ce qui est dur sous moi, ne me gêne pas moins, obstacle que je ne puis, que je ne dois supporter, matière du même immense bloc détesté où j'ai été mis à vivre.

A coups de pic, je l'éventre, puis j'éventre le suivant.

De cave en cave, je descends toujours, crevant les voûtes, arrachant les étais.

Je descends imperturbable, infatigué par la découverte de caves sans fin dont il y a un nombre que depuis longtemps j'ai cessé de compter, je creuse, je creuse toujours jusqu'à ce que, un travail immense fait, je sois obligé de remonter pour me rendre compte de la direction suivie, car on finit par creuser en colimaçon.
Mais arrivé là-haut, je suis pressé de redescendre, appelé par l'immensité des réduits à défoncer qui m'attendent.
Je descends sans faire attention à rien, en enjambées de géant, je descends des marches comme celles des siècles — et enfin, au-delà des marches, je me précipite dans le gouffre de mes fouilles, plus vite, plus vite, plus désordonné-ment, jusqu'à buter sur l'obstacle final, momentanément final, et je me remets à déblayer avec une fureur nouvelle, à déblayer, à déblayer, creusant dans la masse des murs qui n'en finissent pas et qui m'empêchent de partir du bon pied.

Mais la situation un jour, se présentera différente, peut-être.

 

Henri Michaux la vie dans les plis 1949

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