Une info parue
dans
le Monde
de ce
28 septembre
Ce n'est pas une première mais c'est une démarche rarissime dans l'histoire des relations entre la CGT et la CFDT dont l'initiative revient à Laurent Berger, qui a fait la proposition à la mi-août. Mercredi 8 octobre, les deux instances dirigeantes des deux principales confédérations - la commission exécutive de la CFDT et le bureau confédéral de la CGT - se rencontreront sur un ordre du jour qui n'est pas encore tout à fait fixé. Ce sommet est d'autant plus inattendu qu'à peu près tout oppose actuellement la centrale de Laurent Berger à celle de Thierry Lepaon. La CFDT soutient toujours le pacte de responsabilité tout en mettant la pression sur le patronat pour qu'il accélère les négociations dans les branches sur les contreparties en termes d'emplois et d'investissements. A contrario, la CGT - qui a prévu une nouvelle journée d'action interprofessionnelle le 16 octobre contre la politique d'austérité, notamment à la Sécurité sociale - combat de plus en plus vivement le pacte de responsabilité et ne manque pas une occasion de manifester son opposition croissante à la politique de François Hollande.
On ne voit pas bien ce qui pourrait sortir de ce sommet, à moins de deux mois des élections du 4 décembre dans les trois fonctions publiques, en dehors d'une opposition commune au gel du point d'indice des fonctionnaires et d'une tentative pour tenter de rapprocher leurs vues sur la négociation sur la modernisation du dialogue social qu'elles abordent différemment. Elles pourraient toutefois afficher leur détermination commune à défendre le Code du travail et les 35 heures après les dernières déclarations de Pierre Gattaz, le président du Medef, dans lesquelles elles ont vu l'une et l'autre des "provocations". Ce sommet vise en tout cas à illustrer la volonté de Laurent Berger, partagée par Thierry Lepaon, que les nombreuses divergences entre la CFDT et la CGT ne doivent pas conduire à une rupture.
Pour Thierry Lepaon, qui a du mal à mettre en oeuvre "le syndicalisme rassemblé" et qui a inventé le concept de... "reconnexion syndicale", cette rencontre arrive à un moment où la centrale, et en particulier son secrétaire général, est toujours dans une zone de hautes turbulences. "Le climat est lourd en interne, confie un dirigeant. Tout est verrouillé, l'organisation se replie sur son bunker. Thierry Lepaon est de plus en plus contesté et la CGT est inaudible à l'extérieur, hors jeu". Le secrétaire général, élu au congrès de Toulouse en mars 2013, s'interroge de plus en plus sur sa capacité à faire un second mandat, une hypothèse qui parait d'autant plus improbable que certains syndicats n'hésitent pas à poser la question de savoir s'il pourra terminer son actuel mandat qui s'achève théoriquement en mars 2016.