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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Syndicat, la boussole de Canaille le Rouge

Publié le 18 Décembre 2014 par Canaille Lerouge in CGT, boussole, syndicat, lutte de classe

Ce texte à presque 23 ans.

Quelle actualité!

Syndicat, la boussole de Canaille le Rouge

 

Le texte qui suit est long.

C'est ce diable de Michel El Diablo qui l'a ressorti avec un à propos qui ne surprendra que ceux qui ne le côtoient pas.

Un texte qui dans le moment prend une résonance aussi particulière qu'exceptionnelle : il s'agit de l'intervention (il n'aimait pas le mot discours) d'Henri Krasucki au congrès de la CGT à Montreuil  au moment où il passe les responsabilités de secrétaire général de la CGT à son successeur.

Dans ses mots, l'avenir, les défis posés au syndicalisme et donc au syndicalistes et les point d'appuis que ceux -ci doivent garder en permanence s'ils veulent être en phase et à la hauteur de ces défis.

Lisez ce texte. Canaille le Rouge est certains qu'arrivé à la fin vous vous y replongerez et pour les syndicalistes vous demanderez comment en faire profiter tous nos militants, tous nos syndiqués. Pour ceux qui ne le sont pas, peut-être avoir envi de vous organiser pour vous défendre.

Merci à Michel de l'avoir mis sur son blog (http://www.communcommune.com/) et bonne lecture à toutes et à tous.

 

Intervention d'Henri Krasucki au 44e congrès à Montreuil en janvier 1992,

au moment où il quitte la direction de la CGT (Source : Le Peuple n° 1346-47-48 - 27 février 1992)

 

J'ai beaucoup appris et changé, pour les choix décisifs je suis resté le même. Le plus simple est le mieux. Chaque étape de la vie militante, comme de l'existence elle-même, porte sa charge de sentiments. On ne se bat pas, comme nous le faisons tous, quel que soit l'âge, sans y mettre le meilleur de nous-mêmes, et donc avec la tête, avec le cœur.

Mais rien n'est plus naturel que de savoir raisonnablement modifier, quand on estime le moment venu, le poids des responsabilités tout en poursuivant, tel qu'on est, le combat pour les causes, les idées qui nous animent. C'est ce que j'entends faire, dans des conditions différentes, en m'efforçant de me rendre utile du mieux que je le pourrai avec le sens du devoir qui ne m'a jamais quitté. Que voulez-vous : plus d'un demi-siècle d'action, fertiles en péripéties, ne m'a pas blasé. Et si j'ai beaucoup appris et pas mal changé, au fond pour ce qui compte le plus, les choix décisifs, je suis resté le même.

Ni testament ni message

Pour ce qui est de ses délibérations et de ses décisions, le congrès a déjà accompli son travail et, je le pense, sa mission. Ce sont donc quelques réflexions, lesquelles ne sont naturellement pas déconnectées de ce congrès mais sur un autre registre, que j'ai pensé présenter dans cette allocution qui ne sera pas très longue. Et qu'on ne parle pas de "testament ": je ne m'adresse pas à des notaires et je crois être en bonne santé. Ni de “message”. Je réfléchis dans une certaine continuité et dans une période donnée, celle que nous connaissons.

Nous vivons une phase nouvelle de crises (de natures diverses) qui secouent le monde. Nous sommes entrés dans un temps de changements, de cassures et de mutations qui durera et qui réserve des situations imprévisibles. Il faut beaucoup d'attention, de modestie, de créativité et de sens de l'initiative appropriée pour l'envisager. Tel n'est pas mon propos ici mais nous ne pouvons pas ne pas l'avoir à l'esprit ni ignorer les phénomènes contradictoires qui en résultent lorsque nous pensons aux problèmes concrets que nous devons affronter.

Chez nous nous avons affaire à l'accélération de l'entreprise d'abaissement et de vassalisation de la France au point que sa souveraineté est directement menacée. Cette entreprise va de pair avec les attaques renouvelées contre le pouvoir d'achat, le niveau de vie et les droits sociaux du monde du travail — actifs et retraités —, un chômage massif de trois millions, la déstabilisation de millions de personnes, dont une grande partie de la jeunesse.

Des réactions de résistance, de combativité se produisent en même temps qu'un profond désarroi et aussi des manifestations malsaines de déliquescence d'une société. C'est pour imposer ce sabordage social et national qu'est menacé dans son existence tout syndicalisme qui exprimerait une volonté même partielle de résistance, et à plus forte raison la CGT parce qu'elle est la première et la plus conséquente des centrales syndicales du pays.

Nous voyons les dangers réels et nous les disons en toute clarté, pour nous-mêmes, pour alerter tous les nôtres, l'ensemble du monde du travail et plus largement tous les démocrates. Car c'est à cette échelle que se présente cette situation. Et nous y incluons carrément ce qui relève de nous pour corriger, changer ou transformer, selon les cas, tout ce qui doit l'être impérativement. Nous le pouvons. Car en dépit de tout la CGT est une force avec laquelle il faut toujours compter. Elle est aussi une source de force plus grande et une source d'espoir.

Si je laisse à leur caveau les croque-morts attitrés de la CGT, je remarque que bon nombre d'observateurs et les gens sérieux dans la vie publique tiennent compte de ce que représente la CGT, connaissent une part au moins de ses particularités et suivent ce qu'elle s'efforce de faire. Certains en sont intrigués. Comment est-ce possible avec tout ce qui se passe, cette CGT-là, qui affiche la couleur sans complexe et qui tient toujours debout ? Non sans mal mais debout. A vrai dire il n'est pas inutile de nous poser cette question nous-mêmes pour mieux nous connaître car c'est un élément de réponse à nos problèmes. C'est d'abord que cette CGT-là, elle n'a jamais cessé de se battre tout au long de ces années si difficiles. Non sans défauts ? Non sans mal ? Certes mais elle n'a jamais baissé les bras. Personne n'a fait autant au plan syndical.

Elle a su aussi, durant ces années, beaucoup travailler, réfléchir, concevoir, innover dans ses idées, ses positions dans de nombreux domaines de l'action syndicale. Les matériaux de ce Congrès et tout ce qui l'a préparé en donnent des aperçus précis. Ce dont nous traitons avec tant d'ampleur dans ce Congrès n'est pas né en quelques mois. Tout n'a pas encore fructifié à une échelle suffisante ?

 Certainement. Et nous avons toujours bien de l'ouvrage sur le métier. Mais sachons apprécier ce qui a été accompli, nous n'en pourrons que mieux aborder ce qui nous fait défaut ou nous gêne pour aller plus vite et plus loin. Si cette CGT-là représente toujours ce potentiel avec lequel il faut compter c'est, plus largement, qu'elle n'est pas ce qu'on en dit parfois sommairement, mais un bon syndicat avec ses plus et ses moins.

C'est surtout qu'elle plonge ses racines profondément dans les réalités sociales de notre pays et qu'elle est un produit exceptionnel, original de l'histoire française. Elle doit quelque chose aux révoltes anciennes mais par elle-même elle s'est forgée en près d'un siècle d'existence, de luttes, d'expérience. Quand elle naquit, qu'était le droit social en France ? Presque rien. Tout l'édifice des réalisations sociales, droits, garanties, sécurités, dignité, c'est-à-dire le niveau de progrès social atteint au moment culminant — et qui aujourd'hui est la cible de toutes les attaques — cet édifice a été conquis de haute lutte par les travailleurs au cours de ce siècle avec la CGT à leur tête.

C'est cette histoire qui, à travers des débats souvent houleux, des affrontements, des tâtonnements, des élaborations à certains moments lumineuses, des ruptures aussi, a formé cette CGT. Elle a des homologues tout aussi respectables dans bien des pays mais elle constitue une originalité qui fait sa force à condition de la connaître, de la respecter en sachant innover constamment pour correspondre toujours à son temps.

Nous ressourcer et nous renouveler

Nous avions et nous avons toujours besoin, un grand besoin, de nous ressourcer. En réalité nous nous y sommes évertués depuis un certain nombre de congrès, non sans effets, mais sans parvenir à un résultat décisif. C'est ce qui, compte-tenu du caractère devenu proprement vital de ce besoin, a conduit au Comité confédéral national de juin 1991, lequel appartient désormais aux documents du 44e Congrès dont il avait pour objet d'engager la préparation et qui en a adopté les thèses. Nous y insistions sur le caractère absolument indissociable des caractéristiques qui ensemble définissent la CGT. Je les rappelle sans qu'il soit nécessaire de les répéter constamment comme une litanie dès lors que l'on maîtrise bien le sujet. Elle est tout à la fois : de classe, de masse, démocratique, unitaire, indépendante.

Je me permets de reprendre une analogie qui m'est familière. On apprend à l'école la composition chimique des corps. Si l'on retire ou ajoute un seul de ses éléments constitutifs on change la nature du corps. Il en est de même pour la CGT : si l'on retire une seule de ses caractéristiques fondamentales ce n'est plus la CGT, c'est une autre organisation. C'est valable en tout temps et pourtant ce n'est pas intemporel.

À chaque époque en fonction de l'évolution des conditions générales des mentalités il faut les pratiquer de la façon appropriée. Il est bien vrai qu'au cours de tout ce siècle la CGT a su s'adapter à plusieurs reprises aux mutations que le monde du travail a connues et ce n'est pas son moindre mérite. Toutefois les mutations auxquelles nous avons affaire face à notre époque sont d'une tout autre dimension et elles appellent des adaptations, des transformations beaucoup plus nombreuses et profondes.

Il reste que la question qui se pose est toujours : qu'est-ce que le syndicalisme CGT de notre temps? Et par conséquent : qu'est-ce que son syndicalisme de classe, qu'est-ce qu'être de masse etc., dans les conditions d'aujourd'hui. Non pour y renoncer, surtout pas! Mais pour le faire bien en conjuguant toutes ces caractéristiques bien adaptées. Par exemple, l'une des questions particulièrement discutées : le caractère de classe de la CGT et la perception qu'en ont les salariés. Il est bien vrai que nous n'avons inventé ni les classes sociales ni la lutte de classe. C'est tout simplement les réalités des rapports sociaux de la société dans laquelle nous vivons et qui est le capitalisme. A son niveau quotidien c'est l'achat et la vente de la force de travail : l'employeur use de tous les moyens pour la payer le moins cher et le salarié s'efforce au contraire d'en obtenir le meilleur prix.

Il y a là une opposition fondamentale d'intérêt par nature. Ce qui rassemble les salariés dans le syndicat et la fonction première, élémentaire de l'action syndicale c'est cela. Au-delà les choses deviennent plus complexes et au degré plus élevé c'est l'aspiration à transformer cette société. Par conséquent le caractère de classe de la CGT n'est pas un choix subjectif, idéologique, c'est le constat d'une réalité. S'ils ne luttaient pas les salariés seraient écrasés. Comme nous le savons et nous l'assumons.

Mais la perception qu'en ont les salariés est très diverse. Seule une partie d'entre eux en ont une conscience très nette. Il n'y pas que nos adversaires qui affirment que c'est une invention archaïque de la CGT. Beaucoup d'honnêtes gens le croient de bonne foi et ont pourtant de la sympathie pour la CGT. Avec les mutations considérables du salariat la perception de la réalité est encore plus diversifiée. Le cheminement vers une claire conscience de classe est beaucoup plus complexe qu'autrefois.

Cela n'empêche évidemment pas la réalité d'exister et ne peut modifier le caractère de classe de la CGT. Mais cela nous impose de prendre en compte cette difficulté pour favoriser l'évolution des consciences. Aucun salarié n'est condamné à ne jamais comprendre la réalité des rapports sociaux qui commandent sa vie. Mais cela ne peut se résoudre par des slogans assenés. Il ne suffit pas d'avoir raison — ce qui est le cas en l'occurrence bien que nous ne prétendions pas avoir raison en tout —, il faut convaincre. Et l'on ne peut convaincre que si l'on comprend son interlocuteur, donc si on l'écoute, si on apprend quelque chose de lui ; ne serait-ce que ses raisons, et si l'on dialogue.

Les choses vont encore beaucoup mieux si le dialogue se fait dans la vie concrète donc dans la lutte. En ce sens tout l'esprit de ce 44e Congrès, ce que nous nommons notre démarche nouvelle, crée des conditions infiniment plus favorables. Partir des besoins, débattre de leur définition, des moyens d'action en fonction de ce qui est dans la tête des diverses catégories ou professions de salariés, avec toutes leurs spécificités et en apportant nos propres idées n'est-ce pas le meilleur moyen pour contribuer à ce que chacun découvre la réalité des conditions de la lutte sociale autrement dit de la lutte de classe ? Je n'évoque délibérément ici qu'un aspect des choses. Mais en réalité l'ensemble de nos travaux, des idées, réflexions, décisions, pistes de travail, constituent un apport exceptionnel pour répondre à l'interrogation légitime : qu'est-ce que notre syndicalisme de classe aujourd'hui ? Il en va de même pour la mise à jour de ce que sont à notre époque chacune des autres caractéristiques qui font ensemble la CGT.

Et ce congrès, s'appuyant sur le travail considérable et l'expérience accumulés sur toutes ces dernières années et même davantage, apporte des éléments de réponses, de réflexion en tout cas, aux questions légitimes : qu'est-ce que chacune de ces caractéristiques constitutives de la nature de la CGT aujourd'hui ? Des réponses puisées à nos sources et innovantes parce qu'en rapport avec les réalités contemporaines. J'aimerais en donner un aperçu global à partir d'une phrase du préambule de nos statuts. Benoît Frachon, qui est l'auteur de cette phrase, expliquait souvent toute l'importance qu'il y attachait et le contenu qu'il y mettait. Je rappelle que ce préambule est la charte d'unification de la CGT en 1936. La phrase est toute simple, je cite : "Les syndicats qui, par leur nature même et leur composition, rassemblent des travailleurs d'opinions diverses font preuve de l'esprit le plus large pour maintenir leur unité ".

Pour Benoît, cette phrase est décisive car visant toutes les caractéristiques de la CGT. Elle exprime quelque chose qui ne se codifie pas, mais qui se sent, fait appel au bon sens à ce qui est indispensable pour être la CGT de toutes et de tous : c'est une manière, un art de vivre et de lutter ensemble, dans le même syndicat en sachant être vivables (ce qui vaut pout tout le monde). Sans affadir le caractère combatif et les choix fondamentaux de la CGT. Chacun doit pouvoir s'y retrouver à l'aise, respecté, écouté. Et cela vaut dans tous les domaines. Pour l'indépendance par exemple qui retient l'attention. Nous n'en avons pas une vue de repli sur nous, d'assiégés, ni une conception vaniteuse.

Tout simplement, dans l'ensemble des forces organisées, de toute nature qui existent et agissent dans la société, qui respecte l'indépendance des autres, est une composante autonome indépendante, du mouvement démocratique. Non seulement dans un sens défensif, pour se préserver mais par son rapport positif original en tant que syndicat qu'elle est. Un foyer de pensée, de proposition, d'initiative et d'action dans tous les domaines qu'elle considère raisonnablement de sa compétence.

L'art de vivre ensemble

 Tout le monde doit respecter la CGT pour ce qu'elle est. Et cela vaut dans tous les sens, à l'intérieur et de l'extérieur. Dans les mots comme dans les comportements. Et tout le monde, au sein de la CGT, doit se faire respecter. Il n'y a là rien d'unilatéral et d'agressif. Rien non plus qui conduise à une neutralité qui n'existe pas : il n'y a que la franchise ou l'hypocrisie. Ni à la mièvrerie. Mais tout simplement un comportement qui soit celui d'un syndicat. C'est ce qui peut arriver de mieux pour l'ensemble des forces progressistes. Et pour nous, il faut savoir qu'il n'y a rien de plus exigeant qu'une indépendance réelle car il faut être capables de faire — ensemble et de bonne façon — ce qui légitimement et raisonnablement doit l'être en tant que syndicat. Je parlais, évoquant Benoît Frachon, d'un art de vivre ensemble en accomplissant notre devoir.

Oui, être vraiment la CGT c'est un art du savoir-vivre, de savoir-faire, de savoir-vivre. Une extraordinaire école d'humanité, de compréhension, de respect mutuel, de tolérance, tout à la fois d'ouverture d'esprit et de fermeté dans ses convictions et toujours au service de la lutte avec les salariés, pour leurs intérêts.

Et cela fonde largement nos valeurs. Le syndicat CGT, c'est tout ce dont je viens de parler. Et c'est la solidarité, la fierté. La révolte contre toute injustice, contre toute oppression et pour la paix. C'est le soin apporté aux moindres revendications comme aux plus grands objectifs mobilisateurs. C'est également l'attention aux différences de toutes natures et la recherche de réponses appropriées, la conjugaison de l'individuel et du collectif de ce qui est professionnel ou catégoriel avec ce qui est commun à tous au lieu d'entretenir des oppositions artificielles.

Parmi ces différences, la réalité des choses, surtout dans un pays comme le nôtre, donne un poids particulier aux différences d'opinions, d'idées aux plans politique, philosophique, religieux et tout ce qui concerne les conceptions que chacun a de la vie en société. Faire ensemble le syndicat CGT qui correspond à tout cela est passionnant et ce n'est pas si difficile si l'on comprend l'essentiel. Pourquoi donc avons-nous besoin d'être ensemble ? Qu'est-ce qui nous est commun et qui dépasse tout le reste ? C'est bien, c'est généreux, c'est honorable puisqu'il s'agit de la vie des femmes et des hommes qui créent toutes les richesses, qui font que le pays existe et marche. Et parmi eux, il s'agit des plus modestes et aussi des plus malheureux. Est-ce si difficile de se comprendre les uns les autres ?

Nous pouvons tout résoudre si toutes et tous nous savons veiller à ce que nous avons de plus précieux, la confiance mutuelle fondamentale. Ce qui suppose être et faire réellement ce que nous disons. Par une transparence et une loyauté réciproques absolument affermir la certitude de chacun qu'il n'y a pas d'arrière-pensée, pas d'embrigadement ni de manipulation possible dans aucun sens. Chacune, chacun doit pouvoir se reconnaître et se retrouver dans cette organisation-là.

Et cela suppose les comportements correspondant, correspondants dans tous les domaines. Y compris dans l'effort constant d'attirer aux responsabilités, de former et de faire confiance à tous les niveaux à des femmes et des hommes de toutes générations qui reflètent naturellement toutes ces diversités. Ne sommes-nous pas tout cela, au moins dans une certaine mesure ? Le sommes-nous vraiment, pleinement partout et toujours ? Qui peut le prétendre ?

Ce Congrès, qui est un point d'arrivée, est aussi un point de nouveau départ, un tremplin exceptionnel pour avancer à grandes enjambées dans cette voie car après tout cela dépend avant tout de nous-mêmes. Et c'est énorme par les temps qui courent.

Tant de choses suscitent le dégoût, le scepticisme : "tous pareils". Eh bien, la CGT se présente comme un lien, une force de propreté, de générosité et de désintéressement. Et elle le prouve par ses comportements et par ses actes. Elle le prouve aussi en ne craignant pas de se remettre en cause et de débattre au grand jour de tous ses problèmes, sans tricher.

Oui, ayant quelque fierté d'être ce que nous sommes, de nommer nos défauts sans masochisme mais sans complaisance. Et surtout d'entreprendre de les corriger, de les surmonter, de changer tout ce qui doit l'être. Bien être ce que nous devons être en réalité et le démontrer par notre vie, notre comportement, nos pratiques c'est un immense atout. Pour une indispensable remontée de la syndicalisation qui pourtant ne se fera pas spontanément mais par un effort de tous et de tous les jours.

Un immense atout pour créer un espoir nouveau et fondé, donner l'envie de croire en un avenir, l'envie de se battre pour quelque chose qui en vaut la peine et contribuer ainsi à faire grandir, dans l'intérêt des salariés et des syndicats pour lequel nous avançons tant d'idées concrètes, le vaste mouvement de luttes sociales.

La persévérance, la constance dans la pensée, l'action et les comportements sont des vertus indispensables au plan des luttes sociales. Toute l'expérience le prouve, rien n'est définitif : ni le meilleur, ni le pire. La vie fait surgir des périodes brillantes, des moments exaltants, de grandes batailles, aboutissant à des conquêtes d'envergure faisant avancer le progrès social. Ce sont des moments inoubliables qui jalonnent le temps. Ce siècle en a connu un certain nombre. Mais à ce niveau, ils ne sont pas très fréquents, il faut le savoir, d'autant qu'ils sont généralement imprévisibles.

Canaille le Rouge a eu la chance de rencontrer pour la pemère fois Henri, dans l'après 68 alors qu'il n'avait pas 18 ans. Il l'a revu quand il a sorti un livre "syndicat et luttes de classe " qui n'a jamais été éloigné de plus de 80cm de sa table de travail et demanderait à trouver un remplaçant tant il est plié corné annoté.

Ensuite dans les grandes luttes des cheminots (86-87 en particulier) puis d'autres initiatives syndicales, politiques, à plusieurs reprises.

La Canaille a pu ainsi discuter avec lui. Instant fort pour un militant.

Oui ce texte est une boussole. Il n'indique pas la route mais il permet de la tracer  avec efficacité en fonction des réalités du moment si on nedéroge pas des lois de la bonne navigation.

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R
merci LA CANAILLE , pour nous rafraichir la mémoire avec ce texte qui devrait faire référence dans la CGT et que je fais suivre
J
Je ne connaissais pas grand chose du Grand Bonhomme Henri KRASUCKI , mais j'appréciais beaucoup ses interventions faites de simplicité , de bon sens , d'humanité et d'humilité ; lesquelles interventions pourtant ne me concernaient que très peu directement à cette époque .<br /> Comme le reflète son intervention passée ci-dessus , les qualités morales qui intérieurement animaient le Bonhomme lui donnaient une AVANCE considérable de perception de la vérité sur ses adversaires .<br /> Il est dommage que les médias français et de caniveau aient choisi dans un interview rendu tristement célèbre , les erreurs de calcul très compréhensibles de Henri Krasucki pour en faire un &quot;scoop&quot; comique et tenter d'humilier à travers lui tout le Monde des Travailleurs . Il ne méritait pas d'être tourné en dérision par un tel mépris , par une telle arrogance de personnages imbus d'eux-mêmes et d'une prétendument &quot;intelligence&quot; supérieure . Ils ne savent pas ce que les mots SE FAIRE ATOMISER LE CERVEAU signifient réellement à l'exemple des Grands Bonhommes comme Henri Krasucki ... quand , comme lui , on prend à coeur de défendre sincèrement ce que d'aucuns n'acceptent pas que l'on défende au seul principe de leurs intouchables intérêts égoïstes .<br /> Ces fossoyeurs de la simplicité naturelle apprendront à leurs dépens que plus on monte haut sur l'échelle de la vie aux détriments des autres , plus l'équilibre devient précaire et plus on a de chance de tomber et de se fendre la gueule ... dans le vrai sens du mot cette fois-ci !