Trop de syndicats ?
Ou trop de centrales syndicales ?
Cela s'agite en tout sens parmi les chroniqueurs sociaux de la presse aux ordres autour des manifs du premier mai et quelques avis officiels sur ma question.
Si le Persan de monsieur de Montaigne débarquait ces jours-ci à Roissy, gageons qu'ils marqueraient son ébahissement à voir comment stylet, et haricot à la main, les Diafoirus de la saignée permanente tenterait de comprendre pourquoi ils trouvent leur patient anémié.
Dans ce concert des lamentations où les découpeurs de la carte de presse ne sont jamais les derniers une note du nouvel administrateur de l'OIT- ancien secrétaire général de la CGT fait florès : "il y a trop de syndicats en France". Ce n'est pas parce qu'il a été SG de la CGT qu'elle est obligatoirement juste, ce n'est pas parce que Bernard Thibaut la pose qu'elle serait par principe fausse.
La question, ce n'est pas la question... mais la réponse que chacun cherche à y apporter.
Notons d'abord que depuis la création de la CFTC sur ordre du Vatican en 1919 pour couper l'élan d'une CGT de classe et de masse, la CGT a toujours dit qu'il y avait plus de convergences pour un travailleur non-croyant avec un travailleur croyant qu'avec un patron bouffeur de curés. Même que c'est pour cela que toute l'histoire de la CGT se construit autour de la recherche de l'unité d'action autour de ... mais autour de quoi au fait ?
Et si la réponse à la question générique se trouvait en tirant sur ce fil-là?
Parce qu'une fois crié, chanté, dansé voir même prié pour l'avoir comme plus dans le désert, de quelle unité parle-t-on ?
Si c'est pour avoir un drapeau rouge de gréviste, mais des chaussettes oranges d'un Chérèque et son Berger pour emprunter un chemin balisé par l'acceptation de la crise et des sacrifices, il est évident que cette unité-là est aussi utile qu'une unité de garde mobile à proximité d'un piquet de grève.
Par contre s'il s'agit de se rassembler au point de n'avoir besoin que d'une seule organisation parce que le point de convergence est l'émancipation des salariés du rapport social d'exploitation lié à la monarchie patronale dans l'entreprise permise par la propriété privée des moyens de production et d'échange, là, l'espace est plus vaste et mieux dégagé pour construite cette unité indispensable.
C'est le débat qui traverse maintenant depuis les déceptions de 1972 (avec des méandres qui ralentissent le cheminement, des hauts mais, surtout des bas) sur l'union autour des sigles ou autour des contenus, du besoin ou pas d'une centrale unique des travailleurs pour combattre un patronat qui est lui uni autour de ses privilèges et une droite politique qui au-delà d'une apparence de sigles différents alimentés par des ambitions personnelles l'est tout autant.
C'est la question que pose la CGT en son sein à chaque scission toujours fomentée de l'extérieur dès les années 20 et qui reste pertinente.
Oui, il a trop de centrales syndicales en France, pas assez de syndicats. L'excès des premières et l'insuffisance des seconds n'est pas fortuit. Dire cela sans rappeler comment les patrons pour endiguer les exigences de la partie productive et majoritaire de la population s'est employé à la création des centrales avec la même violence qu'il s'acharne contre l'implantation des syndicats indique le sens des orientations à prendre pour construire cette organisation unique.
Ce n'est pas l'Élysée, pas à Matignon, ni dans les salons ou sur les pistes de l'INSEP un premier mai pluvieux qu'on obtiendra satisfaction.
Posons la question des salaires et de la protection sociale, celle de la durée du travail et de l'emploi, que ces quatre point et vous allez voir combien si le débat se même parmi ceux qui y ont intérêts communs il ne se dégagera pas une démarche portant l'unité d'action qui tend vers ce que dans les années trente puis soixante on appelait l'unité organique.
Parions que ceux qui emploient les Diafoirus pousseront des cris d'orfraie et vont user ici du stylet répressif, là des placebos pour empêcher que cela se réalise.