que ça fait du bien !
"on ne survit au trouble captieux de la confusion qu’en étant sûr de ce qu’on pense, en sachant où on est, et en tenant la ligne avec une rigueur de fer."
Les limites du militant quant la réflexion collective est en attente d'un port d'attache, quand elle n'a d'horizon que rester à la côte pour se construire son amarage, c'est de clâmer ce que la construction collective permet de puissance de frappe idéologique.
Certains, qui se frottent quotidiennement au sérail des idéologues patentés mais préfèrent se tourner vers ceux qui d'abord doutent avant de partager, travaillent à produire des outils de réflexion non formatés par l'idéologie des apparatchiks en place. Frédérix Lordon est de ceux là.
Le papier que publie le Diplo de cette fin août est de cette veine, il est jubilatoire.
Voici le lien pour y accéder,
http://blog.mondediplo.net/2015-08-26-Clarte
Canaille le Rouge vous invite à vous y rendre, le lire et vu ce que vous allez y trouver va coup sûr vous réjouir, vous voir le partager.
Permettez à La Canaille, sans en déflorer toute la richesse de juste en instiller ces quelques gouttes aussi efficaces qu'un colyre pour redonner de l'accuité visuelle :
Le drame politique se noue véritablement quand la confusion n’est plus seulement alimentée par ce qu’on appellera la droite générale – où le PS se trouve évidemment inclus – mais depuis la gauche également, et sous deux formes diamétralement opposées : l’entêtement de la gauche alter-européiste à « changer l’euro », la perdition d’une autre gauche dans la tentation, pour le coup, oui, monstrueuse, de l’alliance avec le Front national.
Vous mesurerez combien ce texte est en consonnance avec le débat sur ce que Jacques Sapir à mis en débat et sur lequel La Canaille a pointé pour sa part les limites après avoir dit combien ce débat devait permettre de'éclairer les impasses, les faux débats mais ausi les questionnement sur la nature de la souveraineté : doit elle être nationale hors ancrage de classe ou populaire ? Quelle distance interstéllaire entre les deux approches.
Frédéric Lordon en renversant les icônes tire le lecteur par la manche pour lui mettre le regard là où se construsent les contradictions, impasses et issues possibles.
Au détour de ce papier il jette sur la table ces quelques phrases terribles que Canaille le Rouge partage :
La faute intellectuelle de l’alter-européisme est considérable mais, dans son errance, elle a sa part de dignité, et ce au nom de quoi elle a erré n’a jamais mérité que le respect. Celle de la gauche en perdition est inexcusable. Car, si on ne peut pas excuser la gauche de devenir de droite – à l’image du « parti socialiste » –, on le peut encore moins de dériver vers la droite de la droite, et jusqu’à se rapprocher de l’extrême-droite. Il est inutile de le dissimuler car l’évidence est là : il y a dans certains secteurs de la gauche, et depuis longtemps, une réelle disposition à ce dévoiement-là. L’union des « républicains des deux bords » appelée par Chevènement en 2002 en a été la première manifestation visible dans le champ politique. Logiquement, le durcissement de la crise a accéléré toutes les tendances, desserré toutes les retenues, et poussé au franchissement de tous les seuils.
Comment en 12 lignes dire mieux et de façon plus synthétique la réalité du piège dans lequel on veut nous enfermer ? Ce n'est pas la déclaration de P. Laurent aux journées d'altitude du P"c"F qui en rejoignant les "europhiles" aidera à lèver ces hypothèques : "Nous sommes dans une longue marche du combat européen". Outre l'impasse délibérée -trahison- du référendum 2005, c'est donner du grain à moudre aux ultra libéraux par ceux que Lordon identifie comme agissant tel des auxiliaires zélés des batisseurs d'impasses.
Ces batisseurs d'impasses sont les heureux comparses des batisseurs d'empire. Jetez donc un oeil sur ce que Boris Vian en pensait. Le Schmurtz serait-il l'avatar métronome du déclin d'un appareil politique prévu pour interdire l'empire mais qui par un théatral retournement participe à sa croissance ?