un Rocard sinon rien
Le maitre yoda de notre StarValls social réac s'en est allé.
Celui qui fut le maitre pilote du vaisseau 49.3, au point d'en faire une ligne régulière du réseau gouvernemental rose (28 fois de 88 à 91), en a fini de porter son ombre en arrière plan de toute la social-démocratie contemporraine, riche héritier en cela de ses illustres prédécesseurs, spécialiste de la loghorrée masquant le passage en force contre le mouvement social.
Le premier, "à gauche", à oser introduire la notion de rigueur financière comme cap officiel de gestion socialiste contre les salariés et pour le capital.
Ce matin, avalanche médiatique, c’est la relance pour l’industrie du mouchoir.
Un torrent de larme coule fait des larmes de toutes natures y compris de ces sauriens si sots qui quittent momentanément les marigots de leur pré-campagne présidentielle pour faire une haie d’honneur à celui qui fut un grand serviteur de la finance alors se mondialisant.
Peut-être le besoin de rappeler quelques points forts de celui qui traversa la seconde moitié du XXe siècle en sens inverse de celui emprunté par V Hugo au 19e.
Reconnaissons-lui son opposition à la guerre d’Algérie et la dénonciation des traitements (tortures et la répression par la faim en particulier) que fait subir le colonialisme aux peuples sous le joug de l’impérialisme français piloté par ses futurs camarades de pouvoir.
La guerre d’Algérie ne fera pas obstacle à son long compagnonnage avec le guillotineur en chef sous la 4e République «le mépris profond que je porte à son absence d’éthique est compatible avec l’admiration totale que j’ai pour sa puissance tactique», disait Michel Rocard parlant de Mitterrand.
Il achèvera ainsi son parcours commencé solidaire et anticolonialiste par une déclaration soldant ses engagements par un fini égoïsme : «Aujourd’hui je le dis clairement la France n’est plus, ne peut plus être, une terre d’immigration. Je l’ai déjà dit et je le réaffirme : “nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde”», (allocution du 7 janvier 1990 devant des élus socialistes originaires du Maghreb). S’il dénonce la xénophobie montante il refusera de renier cette phrase, mieux (en fait pire) il la confirmera au moins à deux reprises alors qu’elle sert de creuset idéologique actualisé de toutes les droites en France.
Tous vont nous vanter l’invention du RMI mais peu reviendront sur la fiscalisation de la Sécu immense cadeaux au patronat par la mise en place de la CSG qui efface vingt ans de dettes patronales et met le pied à l’étrier des remises et autres exonérations qui tuent notre système de protection sociale. Payée par tous (l’égalitarisme socialiste tendance social démocratie) uniformément comme la TVA que Mendes France son mentor a participé à mettre en place et dont il deviendra un spécialiste, la CSG a maintenant un rendement double de celui de l’impôt sur le revenu, qui lui est progressif.
Dans le moment et pour toutes celles et tous ceux qui se sont opposés et s’opposent aux lois Fillon-Sarko, Ayrault-hollande, L’ANI, les lois Vals, Rebsamen, Macron, El Khomry et autres, Notre phare frappé d’extinction qui «met la France en deuil» est aussi l’instigateur en 1991 du premier «livre blanc sur les retraites», qui soulignait la nécessité de modifier le système de retraites, s’attaquant à la répartition. Par la suite, il conseillera le rapprochement du régime des fonctionnaires sur celui du privé, mais restera opposé à l’augmentation de l’âge de la retraite au-delà de 60ans «pour des raisons tactiques». Belle définition de son opportunisme politique affiché par ce pilier de la social démocratie..
Les hommages ; ceux qui les prononcent éclairent le personnage :
«Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu’il avait dit en 1978 qu’il n’y avait pas de fatalité à l’échec de la gauche. Parce qu’il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture.» a déclaré LaValls Premier ministre.
de Juppé : « Avec des choix politiques différents,nous avions fait ensemble un beau livre, et le grand emprunt »
« Le paradoxe, c’est que François Mitterrand a dominé Michel Rocard politiquement et Michel Rocard l’a emporté économiquement, du point de vue des politiques mises en œuvre ensuite » (L Jospin, l'homme pour qui l'état ne peut pas tout)
« C’est une partie de nous-même qui s’en va avec Michel », a écrit le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, promettant de « continuer (ses) combats ».
Mélenchon qui décidément n’en rate pas une a cru bon de panthéoniser ainsi le ministre de l’austérité et des privatisations : « Des milliers de personnes engagées sont en deuil. Un éclaireur nous a quittés. Sa vie est une leçon. À chacun de la méditer. En ce temps-là, tous les socialistes étaient de gauche même très différemment.» Peut-être que ceci -- cet amour révélé -- explique cela.
Michel Rocard est nommé inspecteur des Finances en 1958, puis secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation en1965.
Cela dit sur un terrain fécond, il sera aussi de tous les combats anticommunistes et anti cégétiste avec le meeting de Charléty comme point d’orgue en 1968.
En rejoignant le PS en 1974 avec une minorité du PSU et abandonnant au passage ses incantations autogestionnaires au moment où l’idée devient féconde dans le monde du travail, il sera un des liftiers qui conduira l’ascenseur CFDT vers les sommets de la collaboration de classe en le faisant accéder aux étages de sa direction générale.