Qui organise,
A qui profite le crime
« L'autolimitation française de l'usage de la force n'a nullement exclu le recours aux extrêmes les moins avouables […] la violence paroxystique est en réalité une des figures rarement actualisées mais toujours actualisable du répertoire des actes de gouvernement, démocratique ou pas ».
Alain Dewerpe (in Charonne, 8 février 1962 : anthropologie historique d’un massacre d’État)
« il faut concevoir l’État comme une communauté humaine qui […] revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime »
Max Weber(in « Le métier et la vocation d’homme politique (Politik als Beruf) », in Max Weber, Le Savant et le Politique, Paris, Plon, 1963 [1959] (« 10/18 »)
Le crime d'Aulnay est-il un dérapage à la marge ou s'inscrit-il dans une logique de monté d'un cycle provocation-tension-répression plus ou moins programmé ?
Le rapport des bœufs-carottes permettant de sortir des assises les criminels pour n'en faire au pire que des délinquants participe-t-il de cette logique ?
Le crime et son glacis policiaro administratif installé autour ne relève-t-il à la fois de ses capacités opportunistes en tant que puissance d'état d'user des conséquences de son aventurisme et de donner des gages à une partie décisive de l'appareil d'état qui pourrait – comme on le dit parlant du nucléaire – diverger vers l'extrémisme politique, un Tchernobyl politique, où la haine serait le plutonium ?
Pour Canaille le Rouge, à toute ces questions la réponse est oui.
C'est ce qui explique la stratégie d'un pouvoir aux aboies.
A la fois pour se dédouaner (Hollande visitant la victime et son premier ministre faisant la morale à la cantonade) et ses Dupont Dupond de la justice et de la police d'accentuer la pression du talon de fer.
Provocation et répression des réactions de colère par la police puis la justice pour refermer le couvercle sur l'effervescence au risque (l'espoir?) d'une explosion localisée d'une marmite sociale qu'ils ont mis en ébullition laquelle permettant d'engager plus de répression policières et judiciaires… et, à défaut d'union sacrée, un consensus majoritaire derrière les institutions et leurs outils de répression , derniers remparts – comme le disait en son temps le giscardien ci devant prince Poniatowski – de l'économie libérale (lire du capital).
En n'oubliant pas, concernant le locataire de l’Élysée, que c'est la police de son ministre de l'intérieur qui est responsable et qu'il ne lui a pas demandé de compte.
Dans un pays démocratique, un tel acte trahissant une faute dans la chaîne de commandement aurait du conduire à la démission le patron des chaussettes à clou ou à son limogeage s'il ne la présentait pas.
Un théorème qui n'est plus à démontrer, mais qu'on pourrait appeler le théorème des chaussettes à clou ou le postulat de Beauvau, lequel démontre que plus un pouvoir est menacé par une colère populaire non maîtrisable plus il a intérêt – tant qu'il est contraint d'en passer par les urnes – à l'approche des échéances électorales, à ranger derrière lui le parti de l'ordre. Quitte à en abandonner une partie à des forces encore plus conservatrice que lui.
Cela pour drainer vers son camp les voix de la peur et au besoin circonscrire à son profit le débat exclusivement centrée sur son ordre légitime face à celui aventuriste des ultra, les deux moment d'une même force s'accordant à dénoncer les victimes comme étant les causes premières.
Intérêts de l'opération, pas de bilan à présenter pour les uns, pas de projets répondant aux attentes pour les autres... et la classe dominante et donc le capital, bénéficiaire réelle, pouvant en pilotant adroitement l'attelage continuer à conduire le char de l’État et ses lois à son profit (c'est le cas de le dire).