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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

y voir clair

Publié le 30 Octobre 2017 par Canaille Lerouge

un papier de Jean Ortiz 

(Chronique latine

parue dans l'Huma

du 29 octobre 2017

y voir clair

"Catalogne. Yves, réveille-toi !

Lettre ouverte à Yves Harté, éditorialiste à « Sud-Ouest »

Il est des matins, comme ce 28 octobre 2017 où, en lisant le canard, tu doutes de tout. L’ami Yves Harté, belle plume de « Sud-Ouest » (directeur adjoint de l’info), souvent pertinente, éditorialise comme l’un de ces « mercenaires » du clavier qui hégémonisent et décrédibilisent les médias, transformés en « médias-mensonges ».
Les indépendantistes catalans seraient, selon l'éditorialiste, animés de « l'intention » de « rejouer la grande scène de la martyrologie républicaine... » Ces propos, éthiquement et historiquement inacceptables, cet amalgame partisan jusqu’au bout des ongles, ce révisionnisme douteux, sont choquants sous la plume d'un journaliste pourtant attaché à « la verdad » (la vérité) et à l'authenticité des affrontements.
Si « écrire c'est faire » (Voltaire), en emboîtant le pas au néo-franquiste Rajoy, qui a refusé et refuse encore tout dialogue, toute négociation, Yves Harté « fait de travers ». Il se range du côté des adeptes de cette « Espagne » excluante, répressive, ultra conservatrice, une Espagne « une », « grande », « catholique », du côté de « l'Espagne noire », celle des Bourbons, de Franco, du nationalisme castillan, celle qui a interdit pendant des décennies l’usage de la langue catalane, qui nie toujours, et contre toute évidence, la pluri-nationalité...
Nous sommes, nous, comme Yves Harté d’habitude, du côté de l'Espagne populaire qui paye très cher les « compromis », les pactes, d’une « transition » aux conditions des vainqueurs , sans vraie rupture avec le franquisme, du côté d’un pays qui attend toujours jugement, vérité et réparation sur les crimes contre l’humanité (imprescriptibles) du franquisme (près de 130 000 disparus), d’un pays où la jeunesse étouffe, où le « modèle » craque de toutes parts... L’impunité, tout comme la monarchie, le néo-franquisme enkysté dans la société, la banque, l’Eglise, l’armée, la garde-civile, les institutions, la « loi d’amnistie » de 1977, la constitution bancale de 1978, sont verrouillés par un consensus « libéral » PSOE-Parti populaire-droite catalane. Ce sont ceux-là que les médias appellent aujourd’hui « unionistes ». Ces médias qui hurlent à la mort lorsque l’on reparle enfin de « République », qui racolent ouvertement pour le néo-franquiste Rajoy, présenté comme un grand démocrate, « sauveur » de l’intégrité du pays, de la « légalité constitutionnelle »..., et qui n’hésitent pas à sortir de leur rôle pour se muer en propagandistes.

« La marche des somnambules », titre de l'édito de Yves Harté (jadis prix Albert Londres), marche sur la tête. Le « somnambulisme » des propos « bien-pensants » du journaliste et de la plupart de ses confrères, éloigne l'avènement d’une issue non excluante, où toutes et tous aient leur place, d’un processus constituant, seul horizon possible à nos yeux : « une nation de nations », une « Espagne (enfin) de toutes les Espagne(s) », fédérale, sociale, républicaine (la monarchie reste plus que jamais illégitime).

Hurler avec les loups n’a jamais fait fuir la meute ni disparaître le problème. Éminemment politique."

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