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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Monnaie, vent du sud ouest dominant ?

Publié le 29 Décembre 2011 par canaille le rouge in Pour réfléchir ensemble

La Canaille a pioché ce qui suit chez canempechepasnicolaslink] Si le peuple commence à prendre les eurocrates pour ce qu'ils sont les marchand de vents de l'UE des semeurs de misère :

 

SIMPLEMENT
EN AVANCE SUR LEUR TEMPS ?
A Salvaterra de Mino, petite ville de Galice, les Espagnols renouent avec la peseta

 Le Monde   •  Mis à jour le 29.12.11 | 12h27

Fina Rodriguez, vendeuse d’appareils electro-ménagers a enregistré le record du village : 90 000 pesestas dépensées en une fois par l’un de ses clients.

Fina Rodriguez, vendeuse d’appareils electro-ménagers a enregistré le record du village : 90 000 pesestas dépensées en une fois par l’un de ses clients.Nelson d'Aires / Kameraphoto

            SALVATERRA DE MINO (ESPAGNE) - ENVOYÉE SPÉCIALE -

 La veille encore, Ana Perez, esthéticienne dans la petite ville de Salvaterra de Mino en Galice, dans le nord-ouest de l'Espagne, a vu débarquer dans sa boutique une cliente ayant les poches pleines de pesetas. "Elle en avait 30 000 [l'équivalent de 180 euros], elle en a dépensé 20 000 ici pour acheter trois parfums, un pour elle, deux pour offrir", se réjouit la jeune femme.

Ce mardi 27 décembre, la journée est encore calme, mais depuis qu'a commencé cette curieuse opération "Peseta", le 1er octobre, permettant d'acheter tout ou presque à Salvaterra dans l'ancienne monnaie espagnole, Mme Perez voit défilerdes clients d'un peu partout. Même les collectionneurs la sollicitent. N'a-t-elle pas entre les mains de vieux billets espagnols datant de 1949 ?

Comme Mme Perez, Saneira Rivas, l'opticienne, Fina Rodriguez, la vendeuse d'électroménager ou Montse Ledo, l'ancienne coiffeuse au chômage devenue cogérante d'un bar restaurant, la cinquantaine de commerçants de Salvaterra qui participent à l'événement organisé par l'association Unes ont retrouvé le sourire.

OPÉRATION "PESETA"

A Salvaterra de Mino, Arturo Grandal Vaqueiro, maire depuis 1979 dit-il, sous diverses étiquettes politiques, centre, gauche, droite nourrissait de grandes ambitions et de grands projets industriels pour sa ville, mis en suspens depuis la crise.

A Salvaterra de Mino, Arturo Grandal Vaqueiro, maire depuis 1979 dit-il, sous diverses étiquettes politiques, centre, gauche, droite nourrissait de grandes ambitions et de grands projets industriels pour sa ville, mis en suspens depuis la crise.Nelson d'Aires / Kameraphoto

L''opération "Peseta" a ramené un peu de lumière à Salvaterra de Mino. Le village, perché dans les brumes de la Galice, sur les bords du fleuve Nino, souffre de la concurrence des boutiques de la jolie petite ville portugaise de Monçào, à quelques centaines de mètres à peine. Il n'y a qu'un pont à traverser pour se rendre au supermarché Continente au Portugal.

Pour Mme Perez, dont le fiancé est au chômage depuis un an, l'opération qui lui a permis de récolter 300 000 pesetas, est une vraie bouffée d'oxygène. Sa boutique ouverte en juin 2008 vivote. Ancienne esthéticienne salariée à Vigo, la grande ville de la région à une vingtaine de kilomètres, elle voulait devenir son patron, et Salvaterra de Mino était l'endroit idéal pour s'installer, pensait-elle.

La petite ville était en plein boom. Il était question de créer un projet pharaonique de "pentagone industriel", qui aurait attiré des entreprises comme Mitsubishi, PSA Peugeot Citroën pour désengorger Vigo. Les immeubles commençaient déjà àpousser pour accueillir les milliers d'employés potentiels. Le maire, Arturo Grandal Vaqueiro, en poste depuis trente ans, pensait enfin concrétiser ses rêves de grandeur...


COQUELUCHE DES JOURNALISTES

Mais fin 2008, Anna a su que les choses n'iraient pas ausssi bien. Pas aussi vite. La crise a commencé à ronger l'Espagne. Aujourd'hui, le pentagone n'est qu'une maquette d'architecte exposée à la mairie. La construction de cinq immeubles reste inachevée. Tout est paralysé.

 

Pablo Pino, président de l’Unes, qui a voulu dynamiser Salvaterra de Mino.

Pablo Pino, président de l’Unes, qui a voulu dynamiser Salvaterra de Mino.Nelson d'Aires / Kameraphoto

            Grâce à la "peseta", le village est ainsi devenu, au moins pour quelque temps, la coqueluche des journalistes. "Le succès a dépassé toutes nos espérances", note Pablo Pino, président de l'association de commerçants Unes. L'opération, qui ne devait durer qu'un mois, a été renouvelée deux fois et il est maintenant question de la prolonger jusqu'au 31 janvier.

Les pesetas, en pièces ou billets – pourvu qu'ils aient été imprimés après 1940 –, peuvent être échangées contre un café, un parfum, une télévision… avec le même taux de conversion que celui appliqué en 2002, à savoir 1 euro pour 166,386 pesetas. Les commerçants disposent d'un logiciel leur permettant de recalculer immédiatement leurs prix et de rendre la monnaie en euros.

 

LES CLIENTS VIENNENT DE LOIN

Ana Perez dans sa boutique de produits de beauté a récolté environ 300 000 pesetas depuis le début de l’opération.

Ana Perez dans sa boutique de produits de beauté a récolté environ 300 000 pesetas depuis le début de l’opération.Nelson d'Aires / Kameraphoto

A ce jour, Salvaterra a récolté environ 1 million de pesetas. Et toute cette manne est, expliquent les professionnels, du "bonus". Les clients ne sont pas des habitués : ils viennent de Vigo et plus loin encore pour convertir les pièces et billets restés dans les maisons de campagnes, les coffres, ou les tirelires des grands-parents. Certains les gardaient en souvenir, mais avec la crise, la nostalgie n'a plus sa place, explique M. Pino. C'est Mme Ameijeira Rivas, l'opticienne, qui a eu l'idée de tout ceci, se souvenant que la banque d'Espagne avait calculé qu'il restait plus de 1,7 milliard d'euros de pesetas en circulation.

Or, dans le pays, il est possible de convertir ses vieilles pièces ou ses vieux billets sans limite de temps. Mais les Espagnols souvent l'ignorent ou rechignent à fairedes kilomètres pour échanger la "blonde", la peseta, en euros.

La boutique de chaussures Sandra Novoa, fait partie des magasins qui ont récolté le plus de pesetas depuis le début de l’opération.

La boutique de chaussures Sandra Novoa, fait partie des magasins qui ont récolté le plus de pesetas depuis le début de l’opération.Nelson d'Aires / Kameraphoto

Sur fond de crise de l'Union monétaire, quand on redoute de plus en plus l'abandon de l'euro, l'initiative de Salvaterra a tout de même des allures étranges. Alors que près de 70 % des Espagnols estiment que l'euro n'a rien amélioré ou peu dans leur vie selon un sondage du Real Instituto Elcano cité par El Pais, l'offre ne met-elle pas en évidence la forte hausse des prix qui a accompagné l'euro, sans faire bondird'autant les salaires ?

Mme Ameijeira Rivas, comme les commerçants de l'Unes, réfute toute malice : "Ce qu' on voulait c'est dynamiser les ventes" 

Et même si mois après mois l'opération s'étire en longueur, personne n'imagine que cela dure toujours. "On ne recycle pas les pesetas, après on les redonne à la banque d'Espagne", précise M. Pino.

Claire Gatinois
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