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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Entre deux réveillons, quelques idées à confronter, contester ou débattre

Publié le 28 Décembre 2009 par canaille le rouge in Du côté du capital




J'ai bien conscience d'avoir fait long, mais le sujet le mérite, du moins je le pense.


Lorsque Alain Badiou publiait son fameux texte "
de quoi Sarkozy est-il le nom" imaginait-il qu'il allumait un foyer dont la combustion et le rayonnement persiste mais dont les brandons qu'il a enflammés demandent d'être alimentées et attisées pour éclairer la grotte tant celle-ci à de recoins et s'étire dans la longueur du temps politique. Depuis ce débat ne cesse de rebondir sur ses parois:

Si la nature de classe du pouvoir ne fait que peu de doute, une discussion sur la caractérisation de ce pouvoir mobilise beaucoup de l'énergie indispensable pour le bien combattre.

D'aucun s'interroge sur l'existence d'un sarkozysme, et sa nature. Nouvelle droite ? Pétainiste ? Boulangiste ? D'aucuns ont discerné du Louis XIV, du Napoléon toute cuvée etc. Les caricaturistes, heureux ballons d'oxygène dans ce milieu viciés s'en donnent à cœur joie. Sans eux, pas de critique subversive, seulement eux, la droite, vu les carences de ses oppositions est tranquille, c'est hélas notre quotidien.

Le débat dans certaines sphères fait rage : le sarkozysme arrive-t-il à se hisser à la hauteur du mitterrandisme, du giscardisme et, sans même pouvoir ambitionner de le côtoyer, en levant les yeux, parvient-il à apercevoir le genou droit du gaullisme? On pèse, mesure, analyse. On mobilise palmer et trébuchet ou binoculaire à idées.

Pendant ce temps, une politique est mise en œuvre. Elle s'appuie sur un projet et des idées, une stratégie pilote ce projet : Servir le capital et assurer sa pérennité. Qui a dit qu'il n'y avait plus de luttes des classes ?

Comme systématisation d'une pensée fut-elle aussi frustre (c'est à voir) que réactionnaire (c'est plus sûr) et pour la commodité de l'écriture, acceptons le terme de sarkozysme et cherchons à participer à sa caractérisation.

La parenté avec le pétainisme est flagrante mais ne la voir que comme une continuité risque d'alimenter des impasses et d'oublier des faits : Dont un majeur : l'antijudaïsme ou antisémitisme frontal de la vieille droite nationaliste française n'est pas dans la musette du sarkozysme (même si elle n'est pas loin de la surface parmi certain de ses affidés). La redistribution des cartes du monde impérialiste après le séisme de la deuxième guerre mondial a changé la donne du moins pour une partie du Capital. Les bastions avancés de l'impérialisme réorganisent le champ des victimes et retrace les lignes de front. Le Sarkozysme n'a pas la haine universelle des étrangers, de certains seulement dont les critères de sélection sont constitutifs de cette pensée réactionnaire impérialiste. "On" n'aime pas les arabes de l'Est Parisien, mais "on" s'entend très bien avec ceux beaucoup plus à l'est des esclavagistes des émirats du golfe persique. Distance avec le sidérurgiste lorrain descendant d'immigré italien, mais complicité avec Berlusconi et sa maffia.

L'amour "tocquevillien" des USA et de sa partie la plus réactionnaire, une idée de soi-même hyper développée ne le laisse pas le capital de 2010 dans les mêmes espaces que la bourgeoisie de 40 vautrée dans la collaboration avec le nazisme.

Renouveau et pourtant, des bases de toutes les pensées réactionnaires traversent son action.

Comme dans tous les discours de toutes les droites en France, le racisme est prégnant dans les propos et discours de l'hôte de l'Elysée : des intolérables propos de Dakar ou d'Argenteuil (la racaille à karchériser) à la scandaleuse et piteuse intervention du même lors de la remise de décoration  à Dany Boone, le racisme intrinsèque à la pensée réactionnaire est présent, il est le creuset de son offensive autour de l'identité nationale. Ce racisme est parent de celui du pétainisme, il n'est pas le même. Le point de convergence est la supériorité de l'homme, masculin, viril, européen, blanc: l'auvergnat d' Hortefeux, l'anti arabe de N. Morano et de ses copains enfants naturel des "odeurs" instrumentalisées par Chirac.

La sociale démocratie historiquement a hésité sur ces marges à la rupture franche avec ces pratiques : de ses hésitations à défendre Dreyfus aux propos de Frèche,  de Pétain aux guerres coloniales, le bilan n'est pas à son honneur cela offre des Besson frontaux et des Kouchner dérobé.

Cousinage, voir fratrie idéologique à droite, mais pas hérédité. D'ailleurs le FN, consortium des  héritiers directs qui mesurent le risque (le captage des voix) ne s'y trompe pas d'où les "dérapages" volontaires de leurs chef(e)s pour occuper ce terrain putride, pour garder cet électorat dans leur pré.

Le racisme de Sarkozy est celui de la vieille bourgeoisie esclavagiste colonialiste c'est Bugeaud, pas Céline, Mac Mahon plutôt que Brasillach mais des points de convergence : le sabre, le goupillon réactionnaire qui bénit les troupes de répression, la haine du peuple en partage. Le mot d'ordre populiste susurré la petite cuillère d'argent sur la langue.

Il est l'homme du libéralisme forcené idéalisé dans la dynastie des Bush qu'il modélise au point de choquer l'esprit républicain jusque dans ses rangs, par son népotisme affirmé et son soutien permanent à ses oligarques. En cela le sarkozysme se différentie comme une variance au sein de l'espèce.

La référence de Sarkozy au Tocqueville qui fut aussi protecteur de Gobineau (Tocqueville en fera son chef de cabinet lors de son passage au gouvernement en 1849 avant que le théoricien de l'inégalité des races entame une carrière diplomatique sous Napo le petit) marque la caractéristique d'une hiérarchisation naturelle des hommes par le mérite et le travail puisque les autres normes ont été théoriquement abolie par la Révolution et permet ainsi le prima du capital, organisation proposée, par cette droite, comme son pilier fondamental, le droit de propriété, comme assise de la société.

Les inégalités étant dès lors inhérentes à la nature humaine elles ne sont pas dans le champ des transformations possibles et qui veut réorganiser en répartissant autrement  la propriété attente à l'harmonie sociale, devient subversif et ses idées criminelles.

Ce sont ces penseurs du capital du XIXème siècle qui vont promouvoir la rupture institutionnelle avec le passé monarchique de la France et créer cette république conservatrice colonialiste dont le racisme est consubstantiel. Un régime antisocial dès le départ anticommuniste (déjà) dans le jugement des idées et antisocialiste (d'alors) dans le combat et la répression des organisations qui portent ces idées. Nous sommes au cœur du processus de rupture de la bourgeoisie dominante d'avec l'aristocratie qui a refusé le pacte institutionnel qui a fonctionné en Prusse, en Angleterre et qui se cherche dans les autres puissances impérialistes rivales d'Europe.

La droite pétainiste est traversée des idées monarchistes de l'action française, des camelots du roi, la nostalgie de la divinité du pouvoir avec éventuellement une partie du capital idéologiquement à ses côtés.

Celle de Sarkozy assure sa filiation avec les porteurs de l'alternative bourgeoise à la caste exclusivement aristocratique. Celle bourgeoise de la richesse et du capital transmis tant par la naissance que par les alliances (y compris proxénètes) apportant du capital et du pouvoir réservé à l'élite économique  ET à  celle de la naissance. Bref de 1785 à 2009, Beaumarchais dénonce Almaviva et c'est le Figaro  qui se réjouit que Sarkozy ne cède pas devant les grèves de la RATP. Continuité de classe oblige.

Autour de ce projet de société et face aux colères que les inégalités alimentent, la classe des possédants tout entière doit être mobilisée autour d'un projet que la politique en œuvre sert en permanence. Bouclier fiscal, aides au capital lors de l'explosion de la crise financière due à ce capital, et autres mesures aux conséquences sociales le plus souvent négatives et toujours marginales pour ceux les plus dans la misère, reconquête des pertes occasionnée par les luttes sociales et de libération nationale (cousinage de classe avec le pétainisme) entamant le capital et pesant sur les profits sont au cœur du dispositif.

Pour le tout libéral (lire capitaliste) et l'exclusivité de son marché, le monopole idéologique est dogme, repère et crédo.

A ce propos, il est remarquable de pointer que n'auront droit d'accéder à concourir à "l'emprunthon" du président  que les plus riches parmi les déjà bénéficiaires du bouclier fiscal. Les donateurs même les plus aisés  du "téléthon" sont écartés de "l'emprunthon". Les plus et mieux nantis, intérêts capital et garanties du capital,  seront servis deux fois.

C'est le "enrichissez-vous" de Thiers. Le profit pour ceux qui font la crise au nom de la lutte contre leur crise. Chapeau bas ils ont grandit…Mais ils ne sont pas irrésistibles. Entre Fa# et Arturo Ui, pour qui veut lire, il y a des enseignements sur le but, la méthode, …l'intelligence et les différences. Même si le fantôme de Papon hante toujours les rangs de la majorité présidentielle, Hortefeux n'est pas Giuseppe, Dassault n'est pas Gori. Les filiations sont  plus à rechercher vers Trochu ou Barrès et pour quelques uns du côté Déroulède.

 "Monsieur Thiers n’a jamais eu qu’une seule pensée : il a toujours songé à Monsieur Thiers" disait Balzac en mai 1836. Chez Nicolas Sarkozy, cherchez. Oui, il y a du Thiers dans cet homme là.

Thiers est interdit par une loi  de s'adresser au parlement ?  Sarkozy, héritier vengeur s'empressera d'abolir ce texte (à l'origine très monarchiste) fondateur de la séparation des pouvoirs dans la République et obstacle au régime présidentiel...

René Mouriaux écrit dans la brochure "LUCIDE" édité par l'IHS CGT :

"La continuité entre Adolphe Thiers et Nicolas Sarkozy impressionne ; exaltation de la France propriétaire, condamnation de l'assistanat, détestation des idées subversives, vénération de la religion consolidant les assises de la société." (Page 114 du Lexique Usuel Critique de l'Idéologie Dominante et Economique et Sociale-LUCIDES- à Montreuil- 10€)

Pour qui en douterait encore, ceci : "Je veux rendre toute-puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : "Jouis" » (Discours prononcé au sein de la Commission sur l'instruction primaire de 1849) ce qui tempère les ardeurs républicaines de l'ainé et fait filiation avec le discours de Latran de l'héritier idéologique. D'un seul coup, la question de l'enseignement de l'Histoire est dans toute sa perspective.

Si la haine des idées socialistes issue des massacreurs de la Commune est le fond de commerce commun du pétainisme et du sarkozysme, celle des premiers  est d'arrière garde pour le capital du XXIème siècle. La seconde vise plus haut et plus durable, s'appuyant sur les contradictions de son absente opposition,  elle développe un projet de société qui reconstruit pour son intérêt propre l'organisation de la France en contournant son socle progressiste quand elle ne peut le phagocyter.  Voila une piste pour éclairer l'opération J.Jaurès, G.Môquet, Cl. Levi Strauss de Sarkozy, ses citations de Gramsci dont il a intégré une des idées fortes. Un mien camarade se plait à rappeler cette phrase des écrits de prison de Gramsci "Il faut avoir une parfaite conscience de ses propres limites, surtout si on veut les élargir." (Merci Alain) : là où l'obstacle est trop gros, moulinette, meules, voir bulldozer pour subvertir les limites et élargir l'espace.  Voila la raison de l'ouverture de sa majorité, les causes profonde de son arrogance voir son insolence ou sa grossièreté vis-à-vis du peuple dont il n'a de cesse de nier la souveraineté.

La droite française quitte son statut officiel  et stupide de droite la plus bête du monde pour se glisser dans une défroque plus conforme au réel : une force aussi nuisible qu'intelligente. Peut-être est-cela que là réside l'apport du sarkozysme aux idées réactionnaires.

Dès lors, et la question doit être sur la table, grande est la responsabilité de ceux qui ont permis ou légitimé à gauche cette renaissance, ceux qui n'engagent pas le combat sur ce terrain là. Et donc besoin d'une part de relire Alain Badiou, de ne pas (comme d'ailleurs il le revendique) le cristalliser et de mutualiser les réflexions… pour l'action.

GuyH la canaille

 

 

 

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