Un point de vue des militants de la Polex.
Compte rendu de la réunion du Collectif le 20 juin 2011
sur les luttes et les actions impérialistes au Maghreb et Machreq
Les camarades algériens du PADS analysent la situation algérienne : de nombreux conflits sociaux, de multiples conflits avec le pouvoir, mais les manifestations ont été limitées, car prises en main par des partis d’opposition (RCD, FFS) qui ne mettent guère en cause le système politique et social. Les organisations réellement transformatrices, le mouvement syndical non soumis au pouvoir sont faibles après la décennie intégriste.
Le débat plus général sur l’ensemble du Maghreb a évoqué les points suivants :
La guerre coloniale menée en Libye par l’OTAN et la France a des objectifs divers, l’accès aux ressources du Sahara (uranium, or, énergie solaire, eau, etc.) et l’établissement à Benghazi, sinon en Libye, d’un régime aux ordres de l’Occident (Kadhafi était actif en Afrique sahélienne, et concurrent sur place des investissements occidentaux et de l’Arabie Saoudite). Cette guerre peut être aussi un moyen de s’opposer au rôle de la Chine dans la région, comme en Côte d’Ivoire.
Militairement, l’OTAN s’enlise en Libye, où seule l’issue négociée, refusée jusqu’à présent, est valable.
Passivité de l’opinion française à propos de la guerre, liée au consensus belliciste entre la droite, le PS et les Verts, mais les bellicistes ont été présents jusqu’au sein du PC, qui n’a rectifié dans le bon sens qu’après coup. L’action résolue, même faible, du Collectif est donc toujours nécessaire (cf. nos communiqués successifs).
Les événements au Maghreb, Machreq et Moyen Orient confirment de plus en plus chaque jour la mise en œuvre de la nouvelle stratégie Obama de l’impérialisme US. Avec Bush, l’objectif affirmé était la guerre contre l’intégrisme terroriste ; avec Obama, on passe à la mise en place de régimes pro-occidentaux plus présentables (« pluripartisme », jugement de Ben Ali et Moubarak), et surtout avec une base politique plus large, contrôlés (comme en Égypte aujourd’hui) par les chefs de l’armée (formés aux États-Unis et financés par eux) et avec la participation des « bons » intégristes (pro-occidentaux, pro-capitalistes). Les Frères Musulmans sont déjà les probables grands vainqueurs du prochain scrutin au Caire, dont le PCE risque d’être exclu. En aucun cas, il ne s’agit d’élargir la démocratie politique (anticommunisme) et sociale (mesures antigrèves en Égypte), ou les droits de l’homme ou des femmes (menaces de reculs en Tunisie).
Certains intervenants estiment qu’il ne faut pas sous-estimer parallèlement le développement des contestations populaires dans les pays « arabes ». Cette nouvelle stratégie US d’Obama est aussi un aveu de faiblesse, une réponse à ce développement.